Les Phobies© Dr Joël Dehasse Médecin vétérinaire comportementaliste |
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Psychologie de la phobie et de la peurLa phobie, définitionLa phobie est une ‘peur’ en présence
d’un stimulus objectivable (a priori) non dangereux, sans
habituation lors de présentation répétée. |
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La peurDéfinitionLa peur est une émotion et une réaction
(sensitive, cognitive, physiologique et motrice) face à un danger
(réel ou imaginaire). Surprise - appréhension, inquiétude – alarme - crainte – peur – panique, terreur, épouvante, détresse. La surprise est une réaction de peur
limitée avec arrêt momentané, immobilisation. La surprise
est toujours une émotion fondamentale.
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Peur et sécurité de l’EgoLe danger est l’antonyme de la sécurité. Il y a une relation étroite entre la peur et la distance considérée par l’animal comme permettant de garantir sa sécurité. Il y a trois distances qui déclenchent des réactions de peur progressivement plus intenses :
Toute perception d’une intrusion dans
ces espaces déclenche une réaction de vigilance, une émotion
de peur (d’intensité variable suivant la distance) et des
stratégies comportementales d’autoprotection. Par
exemple, un chien/chat sur lequel un propriétaire s’est fâché
peut désormais éviter tout contact avec lui.
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Réactions psychomotrices de la peurLes réactions comportementalesLes réactions comportementales classiques de peur dépendent si le contexte est social ou non. Si le contexte n’est pas social, c’est à dire n’est pas lié à un individu auquel l’animal a été socialisé, les comportements observés sont
Dans un contexte social, on observe en plus :
La communication sociale apparaît dans
les cas de peur modérée.
La variété de ces manifestations nécessite l’aspect cognitif de la peur: les catégorisations, les reconnaissances, les régulations des actions. La peur diminue la douleurLa peur – le stress –
entraîne une analgésie transitoire. La peur intense
provoque une analgésie opioïde, c’est à dire de réduction
voire suppression de la douleur en relation avec la libération
de morphines endogènes : la bêta-endorphine et les
enképhalines. Une peur modérée induit une analgésie
non-opioïde. La peur diminue la douleur. Pourquoi ? La
peur prépare à l’action de préserver la survie de l’être ;
la douleur bloque l’action et facilite l’inaction ;
bloquer la douleur permet la réalisation de l’action[2].
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La détresse acquiseLe modèle expérimental de détresse
acquise est un exemple de l’inhibition de l’action.
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Les troubles de la peurLes pathologies de la peur sont la phobie, le trouble panique, l’anxiété et le syndrome post-traumatique. Il n’y a pas de chiffre pour le chien ou le chat mais chez l’enfant 23 pour-cent des peurs infantiles cachent une maladie anxieuse[4].
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Stimulus non dangereuxLa peur est une cognition qui nécessite la reconnaissance du caractère de dangerosité d’un stimulus. Cette reconnaissance dépend des capacités cognitives de représentation[5] de l’animal:
L’évaluation de la dangerosité
du stimulus dépend également de la croyance[6]
(représentation distincte du désir) liée aux dispositions
intentionnelles. L’animal attribue au stimulus phobogène
des intentions menaçantes.
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HabituationL’habituation est la capacité
d’apprendre à ne pas réagir à certains stimuli. Elle
entraîne une diminution relativement permanente d’une réponse
comportementale à la suite de la présentation répétée
d’une stimulation.
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Nosographie de la phobieLa phobie est :
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Les troubles anxieuxLes troubles anxieux sont caractérisés
par des comportements et postures d’autodéfense (évitement,
échappement/fuite, agression d’autodéfense, immobilité,
apaisement) combinés avec, soit une hyperréactivité
neurovégétative, de l’hypervigilance et/ou des activités
substitutives.
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Phobies simplesLa phobie est une peur en présence
d’un stimulus objectivable a priori non dangereux, sans
habituation lors de présentation répétée. Les
comportements de peur sont typiquement la fuite,
l’immobilisation, l’agression d’autodéfense et la
tentative de communication sociale. Critères de diagnosticA. Peur (pathologique) marquée et persistante déclenchée par la présence ou l’anticipation d’un stimulus spécifique (être vivant, objet ou situation) et résistante au processus d’habituation (par exposition répétée). B. L’exposition (confrontation) au stimulus phobogène provoque un comportement de peur immédiat, qui peut prendre la forme d’une immobilisation (inhibition), d’un rapprochement (et agrippement) aux figures d’attachement (propriétaires), de vocalisation de détresse, de tentatives frénétiques de fuite, signes neurovégétatifs (transpiration, éliminations par peur…), de conduites d’apaisement, d’agression par peur ou d’activités de substitution (léchages…). C. La peur est excessive et non adaptée au danger (réel) du stimulus. D. La situation phobogène est soit évitée ou endurée avec une détresse intense. E. Spécifier le type (catégorie) du stimulus:
ÉtiologieLes causes principales de la peur peuvent être phylogénétique (hérédité, personnalité) et/ou ontogénique (développement, imprégnation comme un syndrome de privation) et/ou traumatique et/ou endogène (neurologique, endocrinienne…). ÉvolutionSouvent, la phobie simple reste stable, parfois elle subit le processus de généralisation. Comme elle accompagne fréquemment un autre état anxieux (trouble anxiété généralisée) ou un trouble de l’humeur (dépression), il n’est pas aisé de déterminer quel trouble subit une évolution vers l’aggravation.
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Phobies MultiplesLe trouble « Phobies Multiples »
est constitué de plusieurs phobies (simples) déclenchées
par des stimuli de catégories différentes.
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Phobie SocialeLa Phobie Sociale est une réaction phobique dont le stimulus déclencheur est (l’anticipation d’) une interaction sociale spécifique, sans atteinte aux autres interactions sociales ni autres contextes de vie. Il ne s’agit pas de la phobie à un individu particulier (ou une catégorie d’individus) auquel l’animal n’a pas été socialisé (Phobie simple), mais bien d’une interaction sociale (regard, approche, toucher, caresse, etc.) avec un individu (une catégorie d’individus) avec lequel l’animal a été socialisé. Cette peur peut apparaître après traumatisme ou lors de développement d’une croyance d’une cause extérieure (tel qu’un humain) lors d’une situation de douleur. Critères de diagnosticA. Peur marquée et persistante – résistante au processus d’habituation – par anticipation ou exposition à une ou plusieurs interactions (ou situations) sociales (regard, touché, approche…) au cours desquelles l’animal est confronté à des individus non familiers et non dangereux (en général des personnes). B. L’exposition à l’interaction phobogène provoque un comportement de peur immédiate, qui peut prendre les formes habituelles (voir Phobie Simple). C. La peur est excessive et inadaptée au danger (objectif) que présente le stimulus. D. La situation phobogène est soit évitée ou endurée avec une détresse intense. G. Spécifier le type:
Il s’agit généralement d’une association d’un conditionnement classique (pavlovien) et émotionnel avec une croyance et/ou (l’anticipation d’) une situation déplaisante (et douloureuse) et d’un conditionnement opérant. ÉtiologieLes phobies sociales ont aussi une origine phylogénétique (personnalité), ontogénique (imprégnation) et/ou traumatique. ÉvolutionLorsque la phobie sociale inclut des comportements d’agression (de distancement, par irritation, etc.), elle évolue facilement vers de l’hyperagression.
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Les troubles socio-territoriauxLes troubles de la cohabitation entre chatsLes chats ne sont pas spécialement adaptés pour vivre ensemble. Quand ils doivent cohabiter, ils peuvent présenter différents types de dégradation de leurs états émotionnels et de leurs compétences de communication. Ce trouble affecte au minimum deux chats qui présentent des comportements complémentaires. Il s’agit d’un trouble systémique. Si un seul chat est affecté dans un groupe, on pensera d’avantage à une Phobie Sociale. Dans la nosographie ci-dessous, le chat ‘victime’ devient phobique et anxieux (en phase 2 et 3). Critères de diagnosticA. Les symptômes apparaissent chez des chats vivant en groupe (de chats), dans lequel il a pu y avoir un changement de structure, de composition, ou une modification des interactions sociales, telles que l’arrivée d’un nouveau chat, le retour d’un chat qui était hospitalisé/anesthésié, la présence d’un chat malade, anxieux, hyperactif, vieillissant, confus, des attaques redirigés etc. ou même rien d’objectivable. B. Il y a des symptômes typiques de peur ou d’anxiété tels que spécifiés dans le Trouble Anxiété Généralisée ou d’un Trouble Compulsif chez un, ou plusieurs, chats C. Il y a dans le groupe (au moins) un chat victime (récepteur des agressions) et un (ou plusieurs lors d’une situation de mobbing) chat taquin (émetteur des taquineries, des agressions, des harcèlements). Tous deux peuvent souffrir du trouble. D. spécifier l’état d’évolution de la relation[8]:
ÉtiologieLa prédisposition est la non-socabilité
du chat en tant qu’espèce et de certains chats en
particulier. Le déclencheur est la perception (ou la
croyance) par un ou plusieurs chats d’une modification des
relations sociales au sein d’un groupe de chats. ÉvolutionGénéralement, la situation évolue de
la phase 1 à la phase 3. Elle peut rester stable à chaque
phase. Lors de dégradation, le chat-victime souffre
d’anxiété, voire de dépression, le chat harceleur
souffre souvent de trouble compulsif.
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Autres troublesLes phobies interviennent comme symptôme accessoire dans de nombreux troubles.
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Questions de nosographieCertains troubles sont classés dans d’autres catégories et pourraient être considérés comme des phobies :
La phobie du syndrome de privation[9] est classée comme phobie ontogénique. Or c’est oublier la résilience et, donc, les facteurs liés à la personnalité (génétique).
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Pathogenèse de la phobieIl y a de multiples facteurs qui se combinent pour engendrer des maladies psychologiques (psychiatriques) et psychosomatiques :
Je n’ai pas l’intention de donner ci-dessous une liste exhaustive de tous ces facteurs. Quelques exemples devraient donner une idée générale.
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La génétique de la peurAu début du 20e siècle, des scientifiques parlaient du gène de la peur des coups de bâtons et des coups de fusil chez le chien. Même si l’hypothèse semble farfelue lorsqu’on connaît quelques éléments de génétique, elle reste néanmoins intéressante. Cela pose la question des peurs innées :
Les mutations génétiques et des sélections permettent d’obtenir des lignées anxieuses et phobiques, par exemple les Pointers anxieux de l’Arkansas. Les facteurs biologiques exogènes : virus, bactéries, parasitesDans l’infection rabique a été décrite
la peur phobique de l’eau. Les facteurs biologiques endogènes : système endocrinien, nerveux…Les réactions de panique et les phobies de l’hypothyroïdie et hyperthyroïdie et de la démence sénile sont bien connues. Les facteurs chimiques exogènes : toxiques, toxinesLes peurs – et phobies résultant de ces peurs – développées sous emploi (passif) de marijuana, de médicaments, d’anesthésiques dissociatifs… sont observées cliniquement. Les facteurs chimiques endogènesIl n’est pas exclu que les processus liés à une altération métabolique facilitent le développement des phobies. Facteurs psychologiquesJe citerai quelques facteurs qui peuvent favoriser les peurs et les phobies : hyperattachement, détachement pathologique, douleur, défaut d’imprégnation et de socialisation, imitation d’un animal ou humain craintif, excès d’inhibition, instrumentalisation, sensibilisation, stress… Facteurs environnementaux et systémiquesLes facteurs environnementaux sont
surtout liés à l’écologie, à l’espace dans lequel
l’animal doit évoluer. Cet espace est très important
pour le chat, par exemple, qui doit organiser ses champs
territoriaux pour réduire le stress. Dans ce domaine, un
environnement trop stimulant et un environnement trop pauvre
(ennuyeux) sont tous deux inducteurs de stress, donc de
vigilance et facilitateurs des phobies.
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Traitement et thérapie : objectifsLa phobie est une affection très
handicapante pour l’animal et les propriétaires, parfois
plus qu’une anxiété ou une dépression, surtout si le
stimulus déclencheur est omniprésent.
Certaines phobies sont maîtrisables sans être curables, par exemple la phobie de l’orage quand l’animal est malade des changements de pression et d’ionisation atmosphérique, quand des facteurs génétiques sont en jeu…
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Traitement médicamenteux de l’animal phobiqueSans revenir sur l’ensemble des considérations à envisager lors de l’élaboration d’une stratégie de traitement médicamenteux des phobies, je vais donner quelques points clés. Traitement ponctuel ou chroniqueLa phobie est une affection chronique à expressions ponctuelles, dépendant de la présence du déclencheur. Voici quelques indications :
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Choix des médicamentsCertains médicaments sont plus
efficaces que d’autres sur la peur.
L’évaluation de cette efficacité
est totalement subjective et ne repose sur aucune étude
statistique. Chacun peut avoir une expérience différente. DuréeLa durée du traitement dépend de
l’habituation (voir graphique).
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Thérapies de la phobieS’il n’y avait qu’une thérapie, ce serait la confrontation jusqu’au changement de la croyance. C’est ce qu’il faut organiser.
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Thérapie cognitiveComment arriver à changer la croyance que le stimulus, que l’animal croit dangereux, est en fait inoffensif et supportable ? Thérapie par le jeuLa thérapie par le jeu a pour intention de changer l’état affectif de l’animal lors d’un trouble psychologique. Pour cela il faut que l’animal soit encore capable de jouer et/ou que le jeu proposé soit extrêmement motivant. Le jeu activateurIl s’agit de motiver l’animal en inhibition (dépression) à s’activer. Le jeu disruptifL’intention est de stopper une activité problématique et de rediriger l’énergie de l’activité dans un jeu. Le jeu resocialisantL’intention est de permettre le rapprochement social par l’intermédiaire du jeu.
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Thérapie comportementaleLa thérapie comportementale agit indirectement ou directement sur les comportements afin de modifier ces derniers mais, aussi, afin de modifier les émotions, les cognitions, les perceptions, voire l’humeur de l’animal. Action sur les stimuli déclencheursDésensibilisation (systématique)La désensibilisation est une exposition à un stimulus déclencheur d’intensité croissante tout en utilisant des techniques de relaxation du patient. Il y a plusieurs conditions à remplir pour la réussite de cette méthode :
Je vous donne ci-dessous quelques exemples. La technique que j’utilise actuellement est modifiée en ‘immersion contrôlée’. La phobie des bruits d’explosionSi l’animal a peur des bruits d’explosion, de coups de feu, de pétards…, on peut le désensibiliser. Le stimulus est manipulable. On peut en effet utiliser
La procédure la plus simple est de commencer par le cd de bruitage à l’intérieur de la maison, au calme, tout l’environnement étant sous contrôle, et de passer ensuite aux vrais bruits, les sacs en papier, des ballons en caoutchouc, le pistolet d’enfant. La peur de l’orageL’orage déclenche des peurs chez de nombreux animaux; il s’agit d’une manifestation atmosphérique impressionnante et non contrôlable. Sa durée généralement courte et sa forte intensité ne permettent pas au processus d’habituation de prendre place. Dans certains cas, l’animal anticipe l’orage à l’assombrissement du ciel ou en ressentant dans son corps les effets de la baisse de pression et de l’ionisation de l’air. Le stimulus ‘orage’ peut être décomposé en différents éléments : ciel sombre, éclairs, tonnerre, baisse de pression, ionisation positive de l’air. En désensibilisation, on peut travailler sur les composantes suivantes, d’abord séparées, ensuite combinées :
On peut réduire de cette façon les manifestations de peur sans supprimer totalement l’inquiétude de l’animal. Le trouble de cohabitation intraspécifique (chat)Dans le trouble de cohabitation, deux chats (ou plus) sont sensibilisés l’un à l’autre ; l’un est passif et phobique fuyant, l’autre est actif et compulsif agressif proactif. Le chat passif fuit, le chat actif poursuit. Il est possible d’exposer les deux chats l’un à l’autre, mais pour cela il faut empêcher la fuite et la poursuite. On peut le faire en mettant chaque chat – ou seulement le chat actif – seul dans un panier de transport ou une cage.
On peut aussi contreconditionner les chats par clicker training. L’animal agressif au contactL’animal agressif au contact est peu tolérant à la caresse et au brossage. C’est donc un animal qui a peur ou est en colère lors du contact ou de l’anticipation du contact, de façon générale ou sur une partie particulière du corps. Le contact est un stimulus gérable en intensité, durée et localisation. La procédure nécessite de déterminer autant que possible le moment où l’animal va agresser : on peut voir une dilatation des pupilles, une agitation de la queue (avec des secousses chez le chat), un raidissement corporel, parfois des vocalises (grognements, miaulements et crachements chez le chat). Il est important d’arrêter tout contact au moindre signe de stress et de distraire l’animal par un jouet ou un aliment (jambon…). Je vous donne ci-dessous une procédure pour le chat :
Contreconditionnement classiqueLa désensibilisation est, en fait, aussi un contreconditionnement classique si elle associe une nouvelle humeur au stimulus déclencheur, humeur qui est incompatible avec l’humeur originale, telle que la joie, le jeu ou ingérer une nourriture appétissante, qui est incompatible avec la peur ou la colère.
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Action sur les conséquencesTout comportement persiste parce que ses conséquences sont favorables pour l’animal. C’est la base de l’apprentissage par conditionnement opérant. Les conséquences sont internes, telles que la satisfaction des besoins, ou les conséquences sont externes, telles que l’acquisition de plaisir ou la suppression de déplaisir ou de la peur. L’animal phobique cherche à éviter la situation stressante ou à la fuir, ce qui l’empêche de s’habituer. La thérapie vise à l’empêcher d’échapper à la situation tout en permettant l’apprentissage. ExtinctionL’extinction est la procédure qui supprime la conséquence positive d’un comportement. Dans le cas d’une phobie, il faut empêcher l’échappement. PunitionLa punition est une conséquence aversive (désagréable) qui fait suite à un comportement et qui réduit la probabilité de ce comportement. Théoriquement, il faudrait rendre l’échappement ou l’agression de distancement plus désagréable que la confrontation. Cette technique est réalisable avec l’agression de distancement. Elle ne réduit pas la peur mais modifie la stratégie comportementale de l’animal. Il faut toujours donner à l’animal une indication sur ce qu’il peut faire (contreconditionnement). Exemple : chien avec phobie sociale et agression de distancement : utilisation du Master Plus®/Spray Commander®. Renforcement positifLe renforcement positif est la méthode qui augmente la probabilité d’un comportement. Dans le cas d’une phobie, si on veut éviter l’échappement ou l’agression de distancement, on renforcera positivement le comportement opposé. FaçonnementLe façonnement est l’apprentissage progressif par approximations successives d’une séquence comportementale complète avec renforcement positif. Le façonnement est utilisable pour reconstruire un comportement d’approche d’un stimulus particulier.
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Action sur le comportement, le déclencheur et les conséquencesImmersion (contrôlée)La technique d’immersion (flooding)
est une des plus efficace thérapie que je connaisse. Elle
consiste à forcer l’animal à endurer le stimulus déclencheur
jusqu’à ce qu’il montre des signes d’apaisement.
J’ai modifié cette technique en ‘immersion contrôlée’
parce que je contrôle le stimulus déclencheur et le
manipule comme dans une désensibilisation. L’immersion
contrôlée est une désensibilisation de longue durée,
jusqu’à ce que l’animal montre des signes de
soulagement ou calme émotionnel. L’utilisation du déclencheur
à faible intensité facilite la vitesse d’adaptation de
l’animal. Il est toujours recommandé de changer
l’humeur du patient par des jeux mais ce n’est pas
indispensable. L’immersion contrôlée gère :
Les effets de l’immersion contrôlée sont que l’animal subit la prochaine exposition au stimulus avec des désagréments moins intenses et moins durables. Le retour à l’équilibre est plus rapide. La répétition de l’immersion contrôlée, avec un stimulus progressivement plus intense, permet de réduire progressivement le stress de l’animal tant en durée qu’en intensité. Contreconditionnement instrumentalLe contreconditionnement instrumental
est un nouveau conditionnement qui remplace le précédent.
Si un comportement est gênant (pour les propriétaires)
ou pathologique (pour l’animal), on tente de le remplacer
par un autre comportement moins gênant ou adaptatif. Clicker trainingLe clicker-training est une méthode
qui permet de dissocier la récompense du moment de
renforcement positif. En effet, il n’est pas toujours aisé
de donner une récompense externe (aliment) au moment où
l’animal fait une action qui nous convient, par exemple
s’il est à distance. On peut utiliser une récompense
symbolique (virtuelle) au moment même qu’il faut
renforcer et donner une récompense réelle quand l’animal
est près de nous. Pour cela il faut que la récompense
symbolique soit corrélée à la récompense réelle et
qu’elle soit aussi la promesse de la récompense réelle.
Il faut aussi que la récompense symbolique soit très
distincte, très claire, très perceptible, ce que fait le
‘clic’. Le clicker-training est une procédure en trois phases :
Le clicker-training est utilisable en contreconditionnement.
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Thérapies d’un système où existent des phobiesSans parler des interventions systémiques, je veux juste attirer le regard sur les pseudo-phobies et sur le traitement des phobies animales quand le propriétaire souffre lui/elle aussi de phobie. La pseudo-phobieJe vous donnerai juste un exemple, celui d’un chien phobique de l’orage dont la propriétaire, phobique de l’orage, s’enfermait, lors d’un orage, dans la voiture avec son chien en le serrant fort dans ses bras. Le chien imitait sa propriétaire. Le traitement de la phobie d’un animal d’un client phobiqueJe vous donne le cas d’un chien
agoraphobe (phobie urbaine) dont la propriétaire était
agoraphobe. La thérapie par immersion ne fut possible que
grâce à l’intervention d’un psychiatre
comportementaliste.
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ConclusionsJ’ai toujours trouvé les phobies très faciles à diagnostiquer mais très difficiles à traiter et j’en suis venu à les considérer comme un véritable challenge pour un thérapeute. Leur thérapie nécessite souvent beaucoup d’investissements de la part des propriétaires qui ne sont souvent pas prêts à prendre en charge ce fardeau et préfèrent alors s’en tirer avec des traitements superficiels et ponctuels.
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Références[1]
Tembrock G. 1961, In Heymer A. Vocabulaire éthologique.
PUF, 1977, p. 72.
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© Dr Joël Dehasse - www.joeldehasse.com - 08/05/2006 |