Le développement de l'inhibition et de l'autorégulation physiologiques
Dr. Joël Dehasse, Bruxelles
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L'inhibition est le processus antagoniste de l'excitation. Elle est indispensable pour la régulation des comportements. L'inhibition est à la base de l'autorégulation, de l'autocontrôle. L'inhibition est indispensable pour la régulation des comportements. C'est en effet elle qui permet de limiter la durée et l'intensité des actes comportementaux en produisant la 3ème partie de la séquence: l'arrêt de la phase consommatoire. La phase d'arrêt - phase de satiété - termine une séquence comportementale. C'est une absence d'acte. Cette absence est fondamentale. Sans arrêt, le chien continuerait l'activité consommatoire. L'exemple le plus commun est l'acquisition du signal d'arrêt et le contrôle de l'intensité de la morsure, ce que l'on nomme la morsure inhibée . Cependant, toutes les séquences comportementales doivent acquérir leur phase d'arrêt. L'inhibition est la clé de la socialisation et de l'habituation. L'habituation (la diminution progressive de la durée et de l'intensité de la réponse de crainte en face d'un stimulus qui se répète) est basée sur l'inhibition physiologique. Elle permet à l'individu de ne pas réagir à chaque modification même mineure de l'environnement et d'éviter le développement des processus phobiques. L'homéostasie sensorielle (l'autorégulation des émotions et des actions, déclenchées par des stimuli perçus par les sens) est une syntonisation précise sur base de mécanismes d'inhibition et d'activation physiologiques, en régulation permanente. L'homéostasie sociale (et hiérarchique) se base sur les autocontrôles moteurs et émotionnels, notamment le contrôle de l'intensité de la morsure selon le contexte (jeu ou combat) et selon les réactions du vis-à-vis (domination - soumission - ambivalence). Cela n'est accessible que par l'apprentissage de la morsure inhibée. C'est l'observation, principe de base de l'éthologie, qui nous permet de définir l'ontogenèse de l'inhibition physiologique. L'acquisition de la morsure inhibéeDès l'âge de 5 semaines, les chiots s'investissent dans des jeux de combat. Les dents de lait très pointues entraînent des morsures douloureuses. L'intensité des morsures est liée à l'excitation et n'est pas contrôlée. Le chiot mordu crie, ce qui modifie la réponse du chiot mordeur. Il y a plusieurs conséquences.
Le chiot mordeur apprend à interrompre la séquence de morsure en fonction de stimuli extérieurs: cri du partenaire, punition maternelle. L'acquisition du contrôle de motricitéVers l'âge de 5 semaines, les chiots se lancent dans des jeux de poursuite. Plus tard, ils tentent des jeux de manipulation d'objets. Les objets sont explorés de la gueule. Il peut s'agir d'un jouet d'enfant ou d'une partie corporelle personnelle, celle d'un congénère ou encore de la mère. La régulation des mordillements sur son propre corps est aisée, lorsque la sensibilité tactile et douloureuse est en place. Normalement, c'est le cas en fin de période de transition (vers l'âge de 3 semaines). La régulation des mordillements sur les congénères ou sur la mère ou un autre adulte se fait comme dans l'apprentissage de la morsure inhibée. La régulation des jeux de poursuite nécessite l'intervention correctrice d'un adulte . La mère, un autre chien adulte, l'éleveur ou l'acquéreur, doivent imposer une phase d'arrêt dans le jeu - par un grognement, une morsure, un pincement d'oreille, une claque. Cette correction doit s'accompagner d'un arrêt du comportement du chiot. Dans le cas contraire, la correction doit être répétée jusqu'à obtention d'un résultat. Conditions obligatoiresDifférents éléments sont indispensables pour une acquisition correcte des séquences d'arrêt:
L'inhibition et l'autorégulation étant des processus vitaux, leurs mécanismes neurobiochimiques sont nombreux.
Lorsque le signal d'arrêt ne s'acquiert pas, le chiot développe une pathologie comportementale nommée par P. Pageat: HS-HA , pour syndrome hypersensibilité-hyperactivité. Ce sont des chiens qui ne tiennent pas en place, jouent, sautent, courent sans arrêt. Leur activité (séquence d'actes) manque de phase d'apaisement (déstructuration). Souvent, ces jeunes chiens dorment moins que les autres. L'absence d'inhibition (des processus d'habituation) engendre les différentes phases du syndrome de privation: phobies et anxiétés ontogéniques (liées au développement). L'absence de régulation sociale est une des caractéristiques de la dyssocialisation primaire. De nombreuses insuffisances d'autorégulation sont à la base des syndromes impulsifs. Apprentissage par les acquéreursL'adoptant doit imposer au chiot
Arrêts au cours des jeuxle chiot doit être stoppé, maintenu en position couchée entre les jambes du propriétaire ou attaché au milieu du groupe social indifférent. Jeux d'autocontrôleP. Pageat a proposé le jeu suivant.
Ce jeu est assez lassant au départ, mais plus amusant dès que le chien apprend le comportement de lâcher de la balle. Ce jeu a l'avantage d'apprendre au chien un comportement nouveau. C'est une agréable alternative aux punitions des comportements inacceptables. Inhibition de la morsureLa peau humaine étant plus fragile que la peau du chien, l'acquéreur d'un chien à vocation de compagnonnage doit inhiber la morsure de façon très importante.
Références Dehasse J (1994): Sensory, emotional and social development of the young dog , BVCE, 2 (1/2) (September 1994), 6-29 (ill.) - Epigenèse sensorielle, émotionnelle et relationnelle du chiot , Cahiers d'Ethologie, Liège, 12 (4) 443-466. [Voir à ce sujet l'article sur le développement comportemental du chiot, en français ou en anglais (article complet)] Pageat (1995): Manuel de pathologie comportementale canine , Le point Vétérinaire, Paris. |
Dr Joël Dehasse
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